Le Canal du Midi à sec
Chaque année à la même époque, notre Canal du Midi se transforme. En effet, pour éviter que le chancre ne se propage hors des berges et ne s’épande sur la nature environnante, celui-ci est « mis au chômage » comme disent les spécialistes, c'est-à-dire qu’il est vidé intégralement sur une portion déterminée.
Très impressionnante, cette opération est néanmoins indispensable à l’entretien du canal du midi. C’est ainsi à cette occasion que les techniciens de VNF (Voies Navigables de France), profitant de la mise hors d’eau, procèdent à une inspection technique des ponts, tunnels et autres écluses présentes sur le Canal.
L’assèchement du canal est également une occasion rare pour les amoureux du lieu de participer à l’entretien et à la sauvegarde de ce patrimoine. Car lors de sa « mise au chômage », les nombreux volontaires participent également à son nettoyage. Et les surprises sont légion. Le fond vaseux du Canal vidé dévoile de nombreux objets insolites ou traces de comportements humains bien peu respectueux des lieux. Ainsi, on retrouve fréquemment divers restes de carrosseries métalliques, empreints dans la vase mais étonnement bien conservés par les fonds. Ou encore plus étonnant, des objets en tous genres (casques, palmes, vélos…), offerts par leurs propriétaires aux affres du Canal.
Il arrive aussi de trouver enfouis dans le fond du Canal des ossements, animaux pour la grande majorité, et qui permettront aux spécialistes après examens de leur provenance, d’aménager sur les rives des voies de passage réservées à la faune environnant le canal, et lui permettant de circuler facilement de part et d’autre de ses berges.
Enfin, l’assainissement du Canal et de ses fonds permet, selon la Fédération pour la Pêche et la Protection des Milieux Aquatiques (FPPM), de sauver plus de 800 kilos de poissons pris au piège dans l’encrassement et le manque d’oxygène de l’eau.
Trois cents ans après sa construction et grâce aux techniques modernes de pompage, il arrive donc que le Canal du Midi soit mis à sec, afin de rappeler à chacun que sa conservation passe avant tout par un entretien régulier de son écosystème et de ses fonds.
Crédit photo : Roger Garcia, La Dépêche du Midi