Les platanes du Canal condamnés

A vous, les promeneurs du dimanche qui profitez de leur douce ombre,

A vous, les cyclistes qui appréciez la fraîcheur qu'ils apportent,

A vous, les joggeurs qui vous reposez sous leur feuillage après l'effort,

A vous tous, les amoureux du Canal du Midi, qui ne pouvez imaginer notre Canal sans les platanes qui le bordent ;

Sachez-le : ces arbres vont mourir. Une épidémie de chancre a été découverte en 2006, épidémie qui touche désormais tous les platanes bordant le Canal.

Un parasite qui nous vient directement du Nouveau Monde

Cette maladie qui décime les platanes serait originaire des Etats-Unis, et aurait été introduite en France lors du Débarquement de Provence en 1944. Le chancre américain a ensuite atteint d’autres pays européens : la Suisse, l’Italie, ou encore la Grèce. En France, plus d’une centaine de foyers ont été découverts. La contamination des platanes du Canal du Midi s’est faite par l’eau et par les bateaux. Les racines des arbres plongent en effet dans l’eau ; or les bateaux, lorsqu’ils sont à l’arrêt, frottent ces racines avec leur coque. Dès lors, la moindre blessure permet l’introduction du champignon dans l’arbre.

Abattage inéluctable

A ce jour, nous ne connaissons pas de moyen pour guérir les platanes du chancre. Aussi, une seule solution s’impose : l’abatage des arbres contaminés. Voies Navigables de France prévoit donc d’abattre les 62 000 platanes dévorés par le chancre et de les remplacer par une nouvelle variété hybride résistante, mise au point par André Vigouroux, ex-ingénieur agronome de l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique). Le coût total de l’opération est estimé à près de 100 millions d’euros. Mais impossible d’envisager d’autres alternatives : au vu de la rapidité de propagation du chancre, tous ces arbres sont condamnés à disparaître d’ici quinze à vingt ans.

Quel avenir pour le Canal ?

Le platane résistant au chancre, le Vallis Clausa, devrait donc être replanté en bordure du Canal. Mais il est impossible d’être certain que cette variété ne sera pas à son tour victime d’un autre parasite. Le risque qu’apparaisse un nouveau champignon existe. Cependant, inutile d’imaginer le pire scénario, cette mésaventure nous aura au moins enseigné à être plus vigilants encore. Et nous veillerons désormais à ce que telle catastrophe ne se reproduise pas. Le Canal du Midi, patrimoine mondial de l’Unesco, continuera d’être embelli par ses emblématiques platanes.